Muriel Roiné - Nouvelliste - Parolière - Compositrice

Muriel Roiné - Nouvelliste - Parolière - Compositrice

Quelque part - Musique ambiante

 

Heureuse de partager avec vous mon nouveau single intitulé 'Quelque part - どこか.

La langue parlée est le japonais.

J'utilise un synthétiseur semi-modulaire et un synthétiseur numérique.

Vous pouvez également me suivre sur Bandcamp.

Enjoy  !

Et bon début de printemps.

 

Muriel

https://murielroin.bandcamp.com/track/quelque-part

 


21/03/2024
0 Poster un commentaire

Article : Musique et décadence à la fin du XIXe siècle « une aurore dans la nuit »

Musique et décadence à la fin du XIXe siècle

« une aurore dans la nuit »*

Par Muriel Roiné

 

Tout d’abord, il convient de circonscrire le concept avant de développer le thème de cet article. Le mot décadence vient du latin cadere qui signifie tomber, du bas-latin decadentia de decadere, altération de decidere, c’est-à-dire déchoir et décider. Dans le dictionnaire Le Larousse, la définition est la suivante : « état d'une civilisation, d'une culture, d'une entreprise, etc., qui perd progressivement de sa force et de sa qualité ; commencement de la chute, de la dégradation ». Puis : « période historique correspondant au déclin politique d'une civilisation ». Il est intéressant de noter que la définition académique ne parle pas de l’état d’un individu.

 

Nous pouvons citer Jean Moréas (1856 -1910), poète symboliste grec d’expression française, pour qui « la décadence est une conscience historique et esthétique vécue sur le sentiment malheureux de la perte, de la crise et du désordre ». Ce terme de conscience apparaît, toujours pour les symbolistes, comme un désir d’éterniser le déclin avec le sentiment profond que la décrépitude est indépassable. Le déclin introduit l’idée d’un lendemain, de l’émergence d’une nouvelle vitalité après la chute. Une sorte d’espérance. Tandis que la décadence signe la fin de l’histoire, d’un crépuscule sans aurore, d’une mort sans renaissance. Quant à Max Simon Nordau (1849 – 1923), médecin, auteur, critique sociologique, la décadence doit être appréhendée comme une dégénérescence au sens biologique et psycho-physiologique du terme. Cesare Lombroso (1835 -1902), professeur en médecine légale, associe le génie à la pathologie mentale et les décadents à des malades mentaux.

 

D’un point de vue philosophique, Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770 – 1831), philosophe allemand, parle de la perversion de la culture dans le sens qu’est décadente une culture incapable de créer, qui professe un moralisme cynique et brillant, où la conscience, déchirée, accrédite son propre déclin. Quant à Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844 – 1900), philosophe allemand, la décadence est une perte de la transcendance.

 

Enfin, dans le domaine de l’art, il convient de différencier le mouvement décadent - qui nait en 1892 en France - des décadents tels que définit par M. S. Nordau (1849 – 1923). Ce mouvement que l’on peut difficilement dissocier d’avec le courant symboliste (1870 – vers 1900) est une réponse à la suprématie du matérialisme, aux nécessités cruelles du déterminisme physique, physiologique et social qui écrase l’homme sous les lois de l’hérédité. Il se caractérise par un désaccord fondamental entre la réalité d’un monde désenchanté et les désirs de l’homme. Les décadents, qui se nomment comme tels, pointent du doigt le poison de la pensée qui épuise l’organisme, la science qui dépoétise le réel et conduit au nihilisme, la disparition de la foi (ou d’une vie métaphysique) conduisant à une grave crise de l’âme. Pour cela, ils recherchent une forme de mysticisme à travers la sensation, et possèdent un goût prononcé pour l’étrange, le rare. L’onirisme, capable de transformer le réel, est mis à l’honneur. Les symbolistes rejettent également  la nature qu’ils considèrent comme insensible et impitoyable. Ils préfèrent se retirer dans leur monde intérieur. Ainsi, avant Freud et avec eux, on pourra parler de découverte des réalités de l’inconscient.

 

Notons qu’il existe, dans le domaine de l’art décadent, une spécificité musicale, laquelle cherchera, non pas à décrire, comme dans la littérature, le pessimisme du monde moderne, mais à trouver une voie de salut pour la régénération de l’homme intérieur.

 

 

Contexte

En cette fin de XIXe siècle, un malaise existentiel apparaît un peu partout en Europe, prenant une forme particulière en France, en raison de sa défaite face à l’Allemagne en 1870  et du traumatisme de la Commune. L’affaire Dreyfus crée également une faille profonde dans l’unité nationale. À ceci s’ajoute du point de vue des idées, celle de dégradation générale de la race européenne, induite par la théorie darwinienne relative à l’évolution des espèces. Apparaît ainsi le mythe du crépuscule de l’Occident. De plus, l’émergence du matérialisme positiviste met l’accent sur les lois scientifiques et refuse la recherche des causes premières. Il en résulte une chute de la foi religieuse. À la recherche de bonheur, se substitut les valeurs de l’élite régnante, d’austérité, de sérieux et de travail. Ce qui rapporte, l’action

mercantile, est perçu comme le gage de la réussite.

 

- Nouvelle relation au travail et perte de transcendance

 

Pour le philosophe français Henri Bergson (1859 – 1951), dans sa définition scientifique, ce qui caractérise la spécificité humaine par rapport au règne animal est moins son savoir ou sa sagesse que sa capacité constante à toujours inventer de nouvelles techniques. Avec l’industrialisation, selon Adam Smith (1723 – 1790), philosophe et économiste écossais, le but du travail devient exclusivement productif. Les machines engendrent la division du travail et vice et versa.  Des méthodes de production, comme le taylorisme, c’est-à-dire, la séparation des tâches au cours de la fabrication de l’objet, apparaissent. La totalité de l’objet produit échappe au travailleur où toute initiative personnelle est bannie. Il en résulte un sentiment profond d’aliénation ou le rapport créatif voire spirituel à l’objet, comme auparavant dans l’artisanat, n’existe plus. En effet, à travers les différentes étapes de  la transformation de l’objet, l’artisan peut percevoir au fond de lui, un processus de modification subtil, une sorte de voyage intérieur et accéder, en fabricant, à une forme de connaissance. Hannah Arendt (1906 – 1975), philosophe, différenciera d’ailleurs le travail de l’œuvre, l’homo laborans de l’homo faber. L’homo laborans, interprété comme tel à la fin du XIXe, est un « animal » qui travaille, par nécessité, pour sa vie, sans mesurer sa peine, ses efforts. L’homo faber, à travers son œuvre, crée, construit, érige. Il met en place un rapport objectif au monde. La mise en œuvre suppose une faculté anticipatrice de se mettre en présence de l’objet avant même qu’il ne soit réalisé. Ainsi, l’homo faber se différencie de l’animal et devient véritablement un homme. L’artiste, par sa créativité et son savoir-faire, entre, par conséquent, dans cette dernière catégorie.

 

- Rupture et pessimisme

Au niveau philosophique, tout se joue dans la dialectique contemplation/action. Toujours, selon H. Arendt (1906 – 1975), il s’opère dans le monde moderne, une rupture entre ces deux termes. Dans la tradition philosophique de Platon et/ou d’Aristote, l’homme est un animal rationnel. Le Logos, chez Platon ne s’oppose pas à l’action mais permet à l’homme de s’élever jusqu’au noûs, de contempler l’idée du Bon, du Beau, du Vrai. Ainsi la raison est comprise comme contemplative à son sommet. Nous avons donc une définition de l’homme en rapport avec son essence et non en relation avec sa capacité d’agir. Chez l’homme moderne, la pensée est uniquement au service de l’action et ne permet plus à l’homme de s’élever vers les hauteurs de la contemplation. Celle-ci, bien sûr, peut-être une expérience humaine possible et singulière mais elle perd son sens philosophique et universel dans la réalité moderne.

 

Le philosophe allemand Schopenhauer (1788 – 1860) imprègne profondément la conscience moderne de manière durable dans toute l’Europe et ce, jusqu’à nos jours.  Pour Schopenhauer, le monde a un double aspect, la Volonté  et la représentation. La Volonté, dans sa recherche incessante de perpétuer la vie, est la source de toute souffrance. Elle est à la base de nos désirs insatiables, de nos pulsions instinctives non rationnelles. La représentation, quant à elle, s’articule autour de la perception de l’objet par le sujet connaissant. Il en résulte que l’homme ne peut guère échapper à sa condition d’être souffrant et solitaire. Cependant, l’art et l’exercice de la compassion procurent momentanément une sorte de répit à son état d’être désespéré. Malheureusement, seulement quelques éléments de la pensée du philosophe ont été vulgarisés, les contemporains de ce dernier ne retenant que les idées de solitude de l’homme face à sa condition, d’ennui et de chaos.

 

Ces événements que nous pouvons qualifier de dramatiques ont pour conséquence une brisure de l’homme d’avec lui-même. L’altération du lien avec la spiritualité engendre une double perte, celle de l’individu avec son unité intérieure mais aussi celle de la relation de ce dernier avec la société, le monde et les autres, ce que les sociologues appellent l’atomisation du lien social.

 

Ainsi, l’homme en cette fin du XIXe siècle est marqué par l’angoisse existentielle et entretient une fascination pour la mort. Ce penchant se retrouve dans sa façon de s’habiller (costume noir masculin), de se meubler avec le laqué noir et dans les objets décoratifs aux couleurs fanées. L’art et la littérature expriment également une forme de pessimisme, de désespoir où les thèmes de l’isolement, du chaos, du déterminisme social avilissant (Emile Zola), des anti-héros (Marcel Proust, Joris-Karl Huysmans) sont mis à l’honneur.

 

Nouveaux musiciens et décadence.

 

Il ne peut être question, en quelques lignes, de développer l’histoire de l’art et les différents mouvements qui la composent, de cette fin de siècle. Nous pouvons cependant convenir que les artistes ont exprimé leur art à peu près de deux manières, soit en exposant la problématique existentielle ambiante avec un pessimisme assumé, soit en essayant de trouver une solution à l’altération de l’être. Dans le domaine de la littérature, Charles Baudelaire (1821 – 1867), avec notamment Les fleurs du mal, égrène poétiquement et avec talent les différents états de son mal de vivre. Guy de Maupassant (1850 – 1893), écrivain et journaliste littéraire français, dépeint, quant à lui, des histoires où évoluent des personnages esseulés, morbides et suicidaires…

Dans le domaine musical, de nombreux compositeurs, comme Claude Debussy (1862 – 1918), Erik Satie (1866 – 1925), Ernest Chausson (1855 – 1899), Gabriel Fauré (1845 – 1924), cherchent avec audace, génie et courage à créer des œuvres répondant, de manière positive, à la brisure de l’être. Ils vont ainsi inventer une nouvelle musique où plus rien n’est stable. La structure musicale connue et codifiée, avec ses différents mouvements comme dans l’opéra et la symphonie, est alors battue en brèche. Ainsi l’œuvre classique, utile en son temps, avec ses développements narratifs et sentimentaux ne répond plus à l’urgence moderne.

 

Avec la nouvelle musique,  la forme ne préside plus à la composition, les tensions harmoniques se dissolvent, l’accord se satisfait de sa propre couleur. Ces dispositions novatrices permettent au compositeur autant qu’à l’auditeur de retrouver le chemin qui mène à la restructuration de l’édifice intérieur, un peu comme un  baume.

 

Les musiciens français, très imprégnés dès 1870, par la musique wagnérienne, à la fois céleste et abyssale, cherchent leur particularité afin de répondre à la nécessité d’une régénération intérieure. Ils vont ainsi supprimer les forces obscures et subversives de l’œuvre wagnérienne où l’homme est englouti par ses désirs, pour ne garder que son côté transcendant.

 

Ainsi, après 1890, un petit groupe d’artistes se réunissent autour de la « Revue wagnérienne » (1885-1887) et du mouvement symboliste, avec Ernest Chausson (1855 – 1899), Claude Debussy (1862 – 1918), Etienne Mallarmé (1842 – 1898), Josephin Péladan (1858 – 1918), Gabriel Fauré (1845 – 1924). Ces artistes avant-gardistes sont considérés par la bourgeoisie régnante de décadents. Ils ont à cœur de fouler des terres artistiques inconnues où la pensée consciente n’a plus accès. Priorité est donnée à l’écoute des sensations, le langage onirique, l’acuité des correspondances secrètes, le raffinement de la langue. Claude Debussy (1862 – 1918) va rejeter la technique allemande avec ses développements chromatiques, sa polyphonie, son gigantisme et utilise une forme cyclique, pour palier à la brisure intérieure. En effet, le mode répétitif permet à la pensée rationnelle de lâcher prise pour atteindre des niveaux plus profonds où l’être s’épouse avec lui-même. Le maître mot est de canaliser le désir « anarchique » pour conduire au dépassement de soi. 

 

Au tempo de la musique classique, se substitue la notion de durée au sens bergsonien du terme c'est-à-dire que la durée devient un état intérieur où un  déplacement personnel se produit grâce à l’écoute - à la différence d’un temps extérieur imposé par l’œuvre et son compositeur. L’auditeur fait ainsi l’expérience intime de ses propres modulations émotives, mystérieuses et incommunicables. En ce sens, on peut dire quelles sont mystiques.

 

Erik Satie (1866 – 1925), compositeur et pianiste français, se caractérise par sa musique répétitive, minimaliste et avant-gardiste. La musique minimaliste implique une limitation volontaire des paramètres musicaux traditionnels, comme le rythme, l’harmonie, la mélodie, l’instrumentation. Les Gnossiennes de ce compositeur original, avec leur lent tempo, sont particulièrement envoûtantes, empreintes de mystères, porteuses d’une certaine mystique. L’auditeur est transporté dans un univers transcendant où sa propre imagination est requise pour un voyage singulier, difficilement communicable.

 

Tous ces compositeurs originaux sont perçus comme décadents par la Presse de leur temps et l’élite bourgeoise. Les diatribes, féroces, ne tarissent pas pendant plusieurs décennies. Parmi les détracteurs, M. S. Nordau (1849 – 1923), cité plus haut, est avec son concept de dégénérescence, le plus virulent d’entre eux. De leur côté les symbolistes réagissent en traitant la société bourgeoise et matérialiste de décadente. J. Péladan (1858 – 1918), du haut de son tempérament passionné, avec son verbe puissant, condamne les philosophes allemands qui, pas leur athéisme, ont corrompu la société européenne. Pour lui, le devoir du Mage et de l’artiste consiste à promouvoir les valeurs spiritualistes, de régénérer la morale personnelle, la politique et les arts.

 

Une aurore dans la nuit

 

Ils seraient difficiles de nos jours de qualifier tous ces musiciens avant-gardistes de décadents. Ce terme ne se décline que relativement à un temps historique donné. Ils sont les pionniers d’une nouvelle façon d’appréhender la musique. Les artistes américains du XXe siècle tels que Philip Glass (1937…), Terry Riley (1935…), Steve Reich (1936…) et John Coolidge Adams (1947…), se réclament de la French Connection avec Claude Debussy (1862 – 1918), Erik Satie (1866 – 1925) et plus tard Maurice Ravel (1875 – 1937). De l’autre côté de la manche, Brian Eno (1948 - …) invente le concept de l’Ambient Music - à ne pas confondre avec la musique d’ambiance. Leurs musiques se caractérisent par un flux d’ondes, de boucles et de vagues, par l’établissement d’une continuité ininterrompue de sons. La matière musicale induit une écoute flottante et imprévisible. L’attention ne s’attache plus à une quelconque narration musicale mais à l’incessant ruissellement sonore, un peu comme l’eau d’une rivière qui s’écoule, dissolvant de ce monde perfectible, scories, angoisses et conflits.

 

 

* « une aurore dans la nuit », Charles Morice (1886).

 

Bibliographie :

• CAULLIER Joëlle, Musique et décadence (article), revue Romantisme, Persée, n° 42, 1983, pp. 137-150.

• FRANGNE Pierre-Henry, Art, culture et décadence, conférence, janvier 2007.

• BURGELIN Pierre, De « l’homo faber » à « l’homo laborans », revue d’histoire et de philosophie religieuses, Persée, n° 44-2, 1964, pp. 110-118.

• FAES Hubert,  Hannah Arendt et les définitions de l’homme, dans Revue philosophique de la France et de l’étranger, PUF, 2015/3 (Tome 140), pp. 341 – 358.

• PIERROT Jean, L’univers décadent (1880 – 1900), PUF, 1977.

• RAMAUT-CHEVASSUS Béatrice, Des flux et processus dans les musiques répétitives américaines (Steve Reich, Philip Glass, John Adams), dans Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013, pp. 107-115.

• GLITCH, La musique minimaliste et ses enfants pop, dans l’Influx, juillet 2021.

 

 

 


20/02/2024
0 Poster un commentaire

L'été (Sons et Mélodies) Version écourtée

L'été (Sons et  Mélodies) Version écourtée.

Album : « L'été ». Il s'agit d' un hymne aux sonorités spécifiques à cette saison. Les mélodies en relatent l'atmosphère. Tous les sons ont été créés à partir d'un synthétiseur semi-modulaire, à l'exception des voix parlées. Cet album me tient particulièrement à cœur il est le témoin de ma première expérience avec un synthétiseur, il y a deux ans. Cette version est un remixage. Je dédie cet album au peuple souffrant de Palestine.

Couverture : peinture à l'huile et acrylique 20x20 cm/ Muriel Roiné.

A écouter avec un casque.

 

Cliquer sur la petite flèche pour faire défiler les différents morceaux.

 

 

 
 

 

 

 


09/01/2024
0 Poster un commentaire

1912

1912

Album Musique ambiante comportant 7 titres.

Immersion musicale sur le Titanic.

 

1912 de Muriel Roiné" >

 

 

Couverture : peinture à l'acrylique par mes soins

 


16/11/2023
0 Poster un commentaire

Ailleurs 3280045 (tableau)

 

Titre : Ailleurs 3280045

Peinture sur huile et acrylique 40 x40 cm

IMG-0950.jpg

 

 


26/10/2023
0 Poster un commentaire